Nous avons quitté Kong Lor, avec un p'tit pincement...On est montés dans un pick up, 5 heures avec des moines, qui ne doivent pas se trouver contre une femme, pratique quand on est 22 dans un pick up...et qui pour rien au monde ne se serreraient un peu...les gens d'église et leurs privilèges, quelle que soit la religion, ca marche bien...

Petite pause a Thakek, le temps d'avaler un truc dans une gargotte de la gare routière, et de se rendre compte en allant pisser qu'ils cuisinent à même le sol, tandis que passe un rat, hélas pas d'opéra...

Puis 7 heures dans un bus pourrave, en plein soleil sans ventilos, une sorte de transe...Les femmes a la pause envahissent le bus avec des brochettes de poules écartelées, des oeufs fecondés, un ravissement? Longue journée donc pour arriver à Paksé. Paksé, sa douche, son lit? Une ville pas bien jolie, surtout vendue comme le départ d'une boucle en moto sur le plateau des Bolavens. On y a quand même découvert le plus grand marché du Laos, sympa. Les merveilles y côtoient les horreurs comme d'hab, et on aime bien...

A paksé s'est mis à faire une chaleur de dingo, qui ne nous a plus lâchés. Je dirais 38 degrés, mais avec un taux d'humidité de 70 pour cent!! Le truc qui t'ecrase, tu ruisselles, tu fonds!! En plus en ville...la solution, se caler une piscine dans un hôtel. C'est un peu cher, mais la résurrection a un prix?

Les Bolavens donc, un plateau a 1500 mètres, connu aujourd'hui pour son café... Ôn est allés à la petite réunion organisée par le loueur de scoot, Miss Noy...pour finalement partir en bus, ahah, et on a pas regretté, franchement. Une route en travaux des deux côtés, défoncée, avec poussière, camions, graviers, nids de poules gavées aux OGM... On s'est parachuté à Tad Lo, un charmant petit village, ou coule une jolie rivière, des cascades, de la piste... Pension sympa chez des expats ...

La chaleur tropicale ne te permet pas d'envisager rando a pied ou à vélo sereinement, et on recherche beaucoup l'eau...A Tad Lo nous partagions l'endroit de baignade avec deux éléphants, qui viennent chaque jour se plonger dans l'eau avec leurs cornacs. Spectacle saisissant, magique, de la présence, des déplacements, du bain de ces incroyables pachydermes! Impressionant aussi l'équilibre des cornacs, qui restent debout sur l'éléphant tandis que celui ci plonge...chapeau!

Les Laos, eux pêchent énormément, au filet, au harpon, a la main, et on les voit dans la rivière a toute heure, de jour, de nuit, s'activer...ils ramassent aussi des algues, des coquillages...a l'aube ils y lavent le linge, les enfants s'ebattent ..Voilà un peuple en corps a corps avec la nature. Chasseurs, pêcheurs, toujours la machette a la main, glanant des plantes, des fruits, des herbes, chassant les oiseaux au lance pierre, passant d'une pirogue au scooter, tressant le bambou...

Deux jours tranquilles à Tad Lo, d'où nous somme partis en stop pour aller voir un certain Cap'tain Hook, un monsieur qui fait un peu parler de lui sur les Bolavens. Et la franchement, on a compris pourquoi!! Le type est un Katu, et son histoire personelle comme son village sont hallucinants. Il propose une visite de sa plantation de café, passionnante, puis une partie sur les plantes médicinales et autres...et enfin, un temps de presentation des us et coutumes de son ethnie. Le gars te fait partir une herbe a 100 a l'heure très précisément, ouvre une feuille ou nichent des centaines de fourmis rouges qu'il écrase dans ses mains avant de les bouffer, fait des bulles avec de la sève et une herbe recourbee...mais surtout il te parle de sa tribu. Par ou commencer? Les katus pensent que la terre est plate, ils n'a t pas de calendrier, le futur ne se conjugue pas, ils pensent que les blancs sont blancs parce qu'ils boivent du lait... Ils fument d'énormes bangs en bambou des l'âge de trois ans. Animistes, ils vivent entourés d'esprits, qui leurs dictent leurs traditions. Les hommes sont polygames et les filles se marient a 8 ans. Ils vivent jusqu'à 70 dans une maison. Les femmes accouchent seules dans la forêt, et doivent y rester cinq jours avec leur bébé. Un cimetière leur est dédié quand même... Lorsque quelqu'un meurt par accident, sa famille entière doit quitter sa maison et s'exiler dans la forêt pendant...cinq ans, sans pouvoir remettre un pied au village. A chaque pleine lune ont lieu des sacrifices, de buffles, ou ...de chiots. On attache le chiot sur la place, et le village défile en mettant un coup de latte au petit chien, jusqu'a la mort. Les esprits savourent.... Les Katus n'écrivent pas, et pensent que les blancs ne travaillent jamais. Les noirs travaillent pour nous, dans leur représentation. C'est pourquoi ils sont noirs?

Et le captain hook, lui, a refusé de se marrier une fois, deux fois, il voulait étudier le gars! Il est parti à Bangkok contre vents et marées. Il a appris l'anglais, découvert que la terre est ronde, appris les sciences etc etc...Sous la pression, car s'il ne revenait pas se marrier il était banni, il a cédé et s'est marrie et installé au village. A défaut d'avoir quitté son village, il fait venir le monde a son village avec ses visites et son petit homestay. Incroyable d'imaginer ce que vit un tel bonhomme, entre deux mondes si lointains... On a partagé un délicieux café dans des bambous, j'ai tiré deux bouffées de leurs pipes énormes, et là, un francais attablé avec nous nous demande tout naturellement si on connait...Valerie Pourra!!! Et ba oui on la connait, alors un gros big-up, Valerie, on parle de toi jusque chez les Katus? Puis on a décidé de continuer notre route. Il aurait été intéressant de dormir là certainement, mais bon, pas forcément a l'aise a 100 pour cent, et puis il etait tôt, envie de bouger, on a poursuivi notre chemin. Mais captain hook , on ne t'oubliera pas...

Un coup de stop, des gens adorables, un deluge de pluie plus tard, nous revenions à Paksé. Paksé sa douche, son lit? Deuxième craquage culinaire, avec un p'tit resto italien. Fromage charcut', vin rouge, l'illumination?

Le lendemain nous partimes en pirogue sur le Mekong, direction Champassak, une halte paisible sans trop de routards ( big- up au chien de Valerie Pourra?). Etonnant comme l'atmosphère peut changer en faisant quelques bornes. Champassak, calme de chez calme, des maisons coloniales, et...quelques bonnes surprises?

D'abord la découverte d'une troupe locale d'artistes, théâtre d'ombres, musique. On est pas tombés le soir des marionnettes, mais celui de la projection d'un docu de 1924, relatant l'installation des Laos dans l'univers hostile de la jungle et tous leurs déboires avec les animaux sauvages. Le top, c'est que la troupe est installée devant l'écran et joue en direct la musique du film. Ils font aussi toutes les voix, des humains et des animaux. Vraiment chouette, devant le Mekong, sous des petites lanternes...

Deuxième surprise, de taille, a Champassak commençait le lendemain Le Wat Phu festival, plus gros rassemblement du Laos, rien que ça! Le wat phu est un ensemble de temples pré angkoriens, c'est à dire hindous. A la base le festival est un pèlerinage, qui évolue aujourd'hui en marché kermesse démonstrations de danses etc...Il faisait une chaleur indescriptible et la montée des marches anciennes dans les vapeurs d'encens, les litanies des moines, quelques vieux aux membres atrophiés, a pris des allures de transe, on se serait cru en Inde!! En bas, c'était plus kermesse, musiques a donf', et grève des ingénieurs du son?

On a vu les défilés de danseurs des différentes provinces du pays. Et la aussi, transportés, mais différemment. Une kermesse communiste! La fête de l'école pour adultes version Staline, on a pas insisté. Aussi palpitant que le Corso a Nyons, ou le défilé du 14 juillet...avec des éléphants en plus?

T'as plus aimé Champassak, on a quitté Champassak. Direction les 4000 îles, l' extrême sud, frontière Cambodgienne. Le mekong s'emballe dans un paysage étonnant de petites îles, cascades...Très très paisible! Pas de voitures, de routes, une vie de villages, pêcheurs...et beaucoup de guesthouses, quand même! Avec un peu ce côté defonce, comme à Vang Vieng. Mais la aussi le gouvernement a mis les olas. Tu peux toujours t'y manger une pizza aux champignons hallucinogènes ou à la ganja si le coeur t'en dit. Question hallucination on a pas eu besoin de champis, on a juste eu a lever les yeux hier soir pour contempler une éclipse totale de super lune sang!! 152 ans que ces phénomènes n'avaient pas été conjugués...On s'est donc calés sur un pont, le nez en l'air. L'éclipse a commencé tandis que des cris ont résonné d'un peu partout. Des cris curieux qui semblaient tous crier les mêmes intonations. Une famille s'est installé pas loin de nous, dans la semi-obscurité, et ils ont commencé à crier en tapant sur des espèces de casseroles tambourins. Ca a pris une ampleur, nom de dious! Une sorte de transe...eux qui ne crient jamais, de sont mis à hurler, dans des rythmes aléatoires, anarchiques... Un bien drôle de moment, tandis que la lune rouge disparaissait doucement...Nous apprendrons plus tard qu'ils criaient "la grenouille mange la lune"...

Enfin voilà, on en est là, sur les 4000 îles, a se glander un peu au bord d'une piscine en savourant un jus de coco ( ou mangue, ananas, papaye, pastèque?)...il fait une chaleur de malade, et on se prend 5 jours tranquilous a se ressourcer avant de passer au Cambodge. On a le p'tit bungalow qui va bien, les bicyclettes, au top!

Le projet du jour, traverser l'île pour aller voir le coucher de soleil sur une plage! À chaque jour suffit sa peine, non?

Bises à tous, portez vous bien?